jeudi 17 décembre 2009

S.C.U.M



S.C.U.M. Quatre lettres sans équivoque qui renvoient immédiatement au fameux SCUM Manifesto de Valerie Solanas, la femme qui tenta de tuer Warhol et voulut castrer les hommes. Un bien joli programme pour cette incorrigible féministe dont le manifeste donne désormais son nom à l'un des groupes londoniens les plus prometteurs du moment: leur patronyme ne trompe pas, la jeune formation donne bien dans la crasse et les hymnes claustrophobes. Une poignée de chansons distillées sur le web et un unique single auront suffi, on parle déjà d'héritiers de Mars, The Birthday Party ou DNA alors que le groupe n'en est qu'à ses balbutiements, autant dire que les attentes sont élevées.

Bien sûr on retrouve chez eux cette noirceur contagieuse, ces dissonances typiques de la no wave. Les membres de S.C.U.M déterrent le passé et le ressuscitent pour coller à l'air du temps, au moment où tout l'est londonien semble se parer de velours ébène. Leurs compositions sont froides comme l'acier et parfois complètement entêtantes, comme "Summon The Sound", "Wild In Blue" et le très Joy Divisionesque "Second Sea". Dommage en revanche que le single "Visions Arise" produit par Tomethy Furse des Horrors sonne exactement comme le dernier album de ces précieux mécènes.

Mais leur projet le plus excitant à l'heure actuelle est sans doute la série "Signal" qui consiste à enregistrer une chanson accompagnée d'une vidéo aux quatre coins du globe. Le premier titre, "Warsaw", est une longue traversée de cinq minutes hantée par une atmosphère oppressante, une batterie tribale, une voix venue d'outre-tombe. La deuxième étape de ce voyage sonore,"Berlin", a quelque chose de terriblement obsédant: l'image de la capitale allemande se dessine à l'horizon, sombre et glaciale, plongée dans un épais brouillard. La musique de S.C.U.M a définitivement l'odeur des ruelles sombres et des blocs de béton déshumanisés, chaque temps martelant mécaniquement l'esprit prisonnier.

Nul doute que ces délicieuses pourritures risquent de s'installer confortablement parmi les révélations de 2010 et espérons que leurs prestations scéniques seront à la hauteur de nos attentes: intenses, originales et ténébreuses. Après tout, le noir leur va si bien...

Myspace

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2 commentaires:

  1. J'aime vraiment cet article qui m'apprend plein de choses sur S.C.U.M (que je connaissais surtout parce qu'il y avait le frère de Rhys Webb dedans)
    Et moi aussi ça me gène que "Vision Arise" (beau morceau soir dit en passant) sonne autant comme les Horrors, mais je crois que les S.C.U.M l'ont faite depuis un moment, enfin bon, autant de similitudes me dérangent aussi.

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  2. Cet article m'apprend aussi des choses ; je croyais qu'un membre des Horrors officiait carrément dans SCUM. Je m'étonnais donc moins du très horrorisien "Visions Arise". Ça reste quand même à suivre en 2010, oui ! D'ailleurs, ça serait bien qu'ils changent leur nom, c'était "pris".

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