jeudi 6 mai 2010

Brian Jonestown Massacre - Bataclan, Paris, 27.04.10

Soyons francs, après avoir écouté le dernier album calamiteux du BJM, nous n'attendions rien de cette tournée. Mais les californiens nous réservent toujours quelques surprises et d'après Adélaïde, celles de ce soir étaient plutôt bonnes!



Quiconque vient voir le Brian Jonestown Massacre, surtout après avoir vu le film DIG !, s’attend à passer un moment exceptionnel. Ce n’est pas un simple groupe que l’on vient voir, ce sont les ultimes héritiers de la contre-culture, les derniers hérauts du psychédélisme des glorieuses années 60. Le public veut planer, veut frissonner, veut être transporté, veut être effrayé par les derniers enfants terribles du rock. La preuve en est, le concert de ce soir est complet.
Mais la tournée de printemps du Brian Jonestown Massacre avait de quoi laisser dubitatif : un dernier album plus que déconcertant, pour ne pas dire inintéressant, et surtout, la crainte de subir encore la même set-list, inchangée depuis six ans. Sauf que cette tournée a quelque chose, ou plutôt quelqu’un de nouveau. D’abord, nous a-t-on dit, Anton Newcombe a arrêté de se nourrir de Vodka, c’est un nouvel homme. Soit. Mais surtout, Matt Hollywood est de retour, et ça change tout. C’est donc un groupe détendu et de bonne humeur que nous retrouvons en ce beau jour d’avril, heureux d’être à nouveau sur la route pour de nouvelles aventures.

Il faut d’abord rendre hommage à la première partie. Si vous avez l’habitude de fréquenter les concerts, vous savez que les premières parties sont soit des formations absolument calamiteuses qui vous donnent envie de vous pendre pendant 45 minutes, soit des agréables surprises. Sparrow and the Workshop relève plutôt de l’agréable surprise. Le groupe originaire de Glasgow donne dans le genre pop folkeux, mais avec des chansons très énergiques, au contraire de tous les folkeux murmureux affreusement ennuyeux qui ont pullulé ces dernières années. L’originalité du groupe réside surtout dans la voix de sa chanteuse, qui tient manifestement à devenir une digne héritière des grandes chanteuses, entre Emmylou Harris et PJ Harvey. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Sparrow and the Workshop réussit donc l’exploit de nous faire patienter agréablement.

C’est au tour du Brian Jonestown Massacre de prendre possession de la scène. Le BJM sur scène, c’est non moins de huit musiciens, et chacun a la mission de bâtir un puissant mur du son devant vous emporter dans la stratosphère. C’est précisément ce qui se passe dès la première chanson, l’inespéré Super-Sonic véritable invitation au voyage psychédélique et introduction absolument géniale du concert. A partir de là, les titres phares du groupes s’enchaînent, laissant à peine respirer un public déjà enivré par les flots de sons des quatre guitares, et assommé par la chaleur tropicale de la salle. Les chansons semblent étonnamment solides, énergiques, et ô miracle ! Anton réussit tous ses solos, alors qu’il y a deux ans de cela, il se vautrait lamentablement sur ses meilleures chansons.

Le concert semble se dérouler parfaitement, trop pour un groupe à la réputation aussi sulfureuse. Mais ce ne serait pas le BJM s’il n’y avait pas une pincée de chaos, dont on se passerait pourtant bien. When Jokers attack, une des meilleures chansons du groupe. Un léger problème de synchronisation entre les guitaristes. Anton s’arrête, pose sa guitare et quitte la scène. Matt s’arrête et le rejoint. Les musiciens continuent ; le public retient son souffle. Dix secondes plus tard (pas plus !) Matt et Anton reviennent ; le public exulte. Mais ils ne recommenceront pas la chanson. Même sobre, Anton Newcombe ne changera jamais.

Mais la vraie star du concert, c’est Matt Hollywood. Il est sur scène avec le BJM, son groupe autant que celui d’Anton. Il tient sa revanche, il joue ses chansons et il est heureux. La set list fait effectivement la part belle à ses compositions : Wasted, Got my eye on you, BSA, Cabin fever… Lorsque le groupe commence Not if you were the last dandy on earth, le public est en transe, la chanson est tout simplement atomique, toute la salle retentit des fiévreux « wooo wooo woo » du refrain, c’est de la folie furieuse.

Wisdom est tellement génial que Matt en perd presque ses lunettes. Sur un That Girl Suicide d’exception, il les perd complètement. Le concert est parfait ; l’ambiance est survoltée ; le groupe compte désormais ses membres les plus illustres de la grande époque du groupe : Anton, Matt, Joel, Frankie… Et soudain, on se prend à rêver : et si Jeff Davies, guitariste fantastique, si Jeff Davies revenait ? Après tout, Matt est bien revenu ! Si Jeff revenait, nous aurions peut-être le meilleur groupe du monde.

Ce soir, le BJM était déterminé à montrer qu’il était le maître du psychédélisme, et il a donné une leçon en la matière. Que les aspirants du genre (MGMT par exemple) en prennent de la graine. Le BJM a montré ce soir qu’il n’était pas fini, et surtout, que le groupe ne reposait pas uniquement sur les épaules d’Anton. Non, le BJM est une entité, une somme d’excellents musiciens autour d’Anton. D’ailleurs, il se murmure que Matt et Anton (et peut-être les autres) pourraient écrire de nouvelles chansons. Voilà qui est prometteur.

Set List :
Super sonic
Vacuum Boots
Wasted
Got my eyes on you
Let me stand next to your flower
Servo
Anemone
When Jokers attack
Sailor
BSA
Sue
Wisdom
Jennifer
Here it comes
Cabin fever
Not if you were the last dandy on earth
That girl suicide
Who !
Oh Lord
Satellite

3 commentaires:

  1. Quand j'ai été les voir à Lille, j'ai eu la même impression que toi, que tout se déroulait presque trop parfaitement pour un groupe aussi sulfureux. Mais finalement, il y a eu les mêmes couacs, avec Anton qui a crié à Matt Hollywood "Be careful" pendant une chanson ou alors quelques blèmes de synchro et de son - comme trop souvent à l'Aéronef - qui ont poussé Anton à demander au public ce qu'on voulait qu'ils jouent :)

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  2. J'avais trouvé le dernier intéressant, mais de toute façon ils ne l'incluent pas du tout dans leur set-list, oui.
    Je crois qu'à Toulouse il n'y avait eu aucun couacs, ou alors c'est que j'étais vraiment trop hypnotisée pour m'en remettre compte :)

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  3. Je les ai vu en concert le mois dernier, je les ai trouvés géniaux même si le fait qu'Anton ne parle pas entre les morceaux m'a laissé un peu perplexe ^^
    Je n'ai regardé Dig ! que ce mois-ci que j'ai d'ailleurs trouvé super intéressant ! Un des meilleurs docus rock que j'ai pu voir pour l'instant :-)

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