lundi 28 juin 2010

Sleigh Bells -Treats



Ah! Brooklyn. Mecque des hipsters aux looks douteux, mère patrie des têtes à claques en chemises à carreaux (no offence), la nouvelle capitale du cool excite tous les magazines et blogs branchouilles en nous offrant régulièrement son nouveau meilleur groupe du monde de la semaine, de MGMT à Vampire Weekend en passant par les Vivian Girls ou encore Grizzly Bear. Mais au milieu de cette nébuleuse, une bande de tortionnaires magnifiques semble s’être donné pour mission de violenter ses guitares électriques et par extension ses admirateurs. Après A Place To Bury Strangers ou encore les méconnus et terriblement sous-estimés December Sound, voici donc le duo Sleigh Bells, formé par Derek Miller et Alexis Krauss et signé par M.I.A sur son label N.E.E.T.

Amoureux de volupteuses mélopées caressant délicatement vos fragiles tympans, passez votre chemin. Treats est un album littéralement douloureux, un monstre hybride qui vous saute au cou avec une tronçonneuse à la place des mains bref, un truc que les fans de terrorisme musical vont adorer. A l’image de sa pochette, Treats est également un disque profondément adolescent, violent, confus, faussement innocent et jouant constamment avec les limites, aussi bien les siennes que celles du public.

Dès les premières notes de Tell Em, l’auditeur marqué au fer rouge se fait gentiment mitrailler sur fond de guitares hard rock totalement improbables évoquant tout de suite Brian May dégainant God Save The Queen entre deux effets pyrotechniques. Étrangement la formule fonctionne à merveille et c’est là toute la magie de cet album: le duo ose les mélanges incongrus et parvient à rendre agréables des sons qui, sortis de leur contexte, seraient absolument insupportables et de mauvais goût. La dance malmenée de Rachel côtoie les vocalises aériennes du shoegaze, les guitares heavy metal (Treats) partouzent joyeusement avec le hip-hop et le r’n’b est électrifié (Run The Heart, Rill Rill). Le groupe ne s’impose aucune barrière et explore, joue, expérimente avec brio tout en créant un ensemble étonnamment cohérent.

Car ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas ici de faire du bruit pour du bruit. Dans l’ombre de ce chaos savamment contrôlé se cachent des mélodies, des vraies, qui donneraient presque envie de danser ou de handclaper en rythme, et c’est précisément ce qui fait de cet album bien plus qu’une simple arme de destruction massive. Les refrains pop se retiennent à la première écoute et sont mutilés, tiraillés pour se mêler à la tempête. Le chant d’Alexis Krauss est de bout en bout d’une infinie douceur (sauf peut-être sur Infinity Bells, sorte de Kills sous amphets), le phrasé évoque parfois M.I.A ou bien, on y revient, les mignonnes cheerleaders de la pochette aux visages déformés planquant sans doute des flingues dans leurs pompons.

Hélas l’instantanéité de Treats est aussi bien un atout qu'un handicap et le frisson initial se dissipe rapidement au fil des écoutes. Le son, les mélodies, la brutalité marquent immédiatement mais l’ensemble manque un peu de profondeur, de mystère et de trésors cachés pour fasciner sur la durée. Qu'importe l'avenir de cet album, savourons pour l’instant cet électrochoc, ce délectable coup de poing qui vous donnera autant de plaisir que de migraines. Un Efferalgan et au lit.

Site officiel

Myspace

2 commentaires:

  1. Dr.Glamoor Kosmik7 juillet 2010 à 20:42

    Tout à fait d'accord avec cette critique.
    Passé l'effet de surprise, les écoutes suivantes de cet album ont le même effet qu'un chewing gum mâché depuis un moment.

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  2. De délicieux morceaux, j'ai apprécié.

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