mercredi 4 août 2010

The Dandy Warhols - La Cigale, 26.07.10



Depuis 15 ans, la carrière des Dandy Warhols est une sorte de célébration du grand n’importe quoi, un hymne à la naïveté assumée arrosée de substances. Nous parlons ici d’un groupe capable d’écrire une chanson interminable sur le nougat (Musée Du Nougat), sur les Horse Pills ou encore de commercialiser des t-shirts de toute beauté arborant fièrement comme slogan «You Drive Fast, I Do The Drugs». Vous l’aurez compris, les Dandy Warhols ont le pouvoir d’embellir votre quotidien à coups de refrains tantôt sautillants, tantôt psychédéliques mais toujours légèrement barrés.

Dépeint dans le documentaire Dig! comme le groupe de grands méchants loups carriériste et prétentieux signé chez Capitol, la réalisatrice Ondi Timoner se sert hélas de leur trajectoire pour entretenir le mythe stupide du musicien authentique = artiste maudit qui préfère croupir pauvre et alcoolique au milieu du Wisconsin plutôt que de vendre son âme au grand capital. Portrait pour le moins réducteur et simpliste, même s’il est vrai que le quatuor de Portland aurait pu vite devenir agaçant s’il n’avait pas cette coolitude à toute épreuve et surtout cette capacité à ne jamais se prendre trop au sérieux, qualité définitivement essentielle pour un groupe qui a vu ses rêves de gloire s’effondrer dès qu’il les touchait du doigt.
Il faut dire que ces gentils losers y ont mis tout leur coeur. Signature sur une major, clip à 400 000$ réalisé par David Lachapelle, album vaguement disco soi-disant taillé pour les stades et tournée (catastrophique) en première partie de David Bowie, rien n’y fait. Les Dandy Warhols ne rempliront jamais Bercy et c’est sans doute beaucoup mieux ainsi. Aujourd’hui le groupe a quitté Capitol, enregistre en toute liberté et va donc toujours plus loin dans le délire, ce qui donne lieu à des choses difficilement écoutables d’un bout à l’autre à moins d’avoir avalé son poids en champignons hallucinogènes. Comme quoi les singles imposés par la maison de disques leur ont permis d’écrire leurs meilleures chansons pop, exercice autrement plus difficile que les fabulations de dix minutes sous LSD.

Histoire de définitivement tourner la page sort ces jours-ci un best-of, The Capitol Years, sujet visiblement embarrassant pour le guitariste Peter Holmström qui a du mal à aborder le sujet face aux fans. Il faut également savoir qu’en décembre 2008 les Dandy ont donné au Bataclan un concert absolument parfait, mêlant avec une incroyable cohérence tubes magnifiquement crétins et longs morceaux labyrinthiques. Une fois de plus la setlist de ce soir est excellente, tous les tubes sont là, le fabuleux album Thirteen Tales From Urban Bohemia est très largement représenté et le groupe semble ravi d’être ici.
Le titre d’ouverture Mohammed, I love You ou encore It’s A Fast Driving Rave Up With The Dandy Warhols (15 minutes, tout de même) sont évidemment les moments les plus hypnotiques, le genre de morceaux qui s’immiscent l’air de rien dans votre cerveau pour mieux le déconnecter de la réalité et vous faire décoller. Bohemian Like You, Godless, Get off (chanson condamnée à être éternellement maltraitée en live) Not If You Were The Last Junkie On Earth, We Used To Be Friends mettent comme d’habitude le public en transe au point que le groupe devra retenir les ardeurs de quelques slammers peu délicats avec les premiers rangs. Zia McCabe est toujours la fille la plus irrésistible du rock, Courtney Taylor-Taylor nous régale de ses moues de collégienne qui s’apprête à prendre une nouvelle photo pour son Facebook, cet homme est définitivement merveilleux, tout va bien. Enfin presque.




Les Dandy avaient autrefois habitué leur public à s’attendre au pire comme au meilleur. On ne peut que saluer leur actuelle constance, hélas il semblerait qu’elle s’accompagne d’un cruel manque de fantaisie. Tout est parfaitement rôdé et tant mieux, les morceaux n’en sont que plus puissants mais le syndrome du groupe de fonctionnaires pointe méchamment le bout de son nez, et quoi de pire que des musiciens qui semblent débarquer sur scène comme Jean-Claude Dupont arriverait au bureau après une pause café? Heureusement pour eux leurs chansons sont suffisamment solides pour faire oublier ces défauts et comment leur en vouloir lorsque Zia, face aux vives réactions du public après le dernier morceau, décide d’entonner a cappella la comptine A Daisy On My Toe? A ce moment-là les garçons rêvent de l’épouser, les filles veulent devenir sa best friend forever et Courtney quitte la scène en prenant bien soin de récupérer son sac à main, en toute virilité.

Ni le son relativement mauvais, ni le groupe parfois à deux doigts du pilotage automatique ne gâchent la fête. Comme à chaque concert des Dandy le public est là pour s’amuser et tant pis si ce n’est pas parfait, personne ne va voir ce groupe pour être ému aux larmes ou admirer une performance vocale et c’est exactement pour cette raison qu’ils ne perdront jamais leurs fans fidèles. Un album est complètement râté? Au moins, il est hilarant. Le concert de ce soir était moins bon que celui du Bataclan? Tant pis, nous avons chanté, hurlé, dansé, plané et c’est tout ce qui compte. Les Dandy ne se prennent jamais totalement au sérieux. Nous non plus. Et comme le dit si bien Courtney en une phrase qui résume toute la philosophie des Dandy Warhols: «If it’s good, it’s fun. If it’s bad, it’s funny.»

Mohammed
We Used To Be Friends
Shakin'
Welcome To The Third World
You Were The Last High
You Come In Burned
I Love You
Now You Love Me
All The Money Or The Simple Life Honey
Not If You Were The Last Junkie On Earth
Bohemian Like You
Talk Radio
Godless
Get Off
Horse Pills
Solid
Wasp In The Lotus
Boys Better
Country Leaver
Every Day Should Be A Holiday
It's A Fast Driving Rave Up With The Dandy Warhols
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Daisy On My Toe

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