jeudi 7 janvier 2010

Bo Ningen - Macbeth, Londres, 01.01.10



Le rock’n’roll a toujours été une histoire de sueur et de sang. Que ce soit dans le public ou sur scène, la souffrance physique fait partie du jeu: cages thoraciques broyées, tympans percés, bras brûlés, genoux en miettes, bleus, le rock est une affaire d’abandon où la douleur devient presque un véritable plaisir. Autant dire que durant un concert de Bo Ningen, les masochistes de mon espèce sont au paradis.

1 janvier 2010, quelque part dans l’est londonien. Nous sommes entrés dans la nouvelle décennie depuis quelques secondes à peine lorsqu‘une bande de japonais aux cheveux extraordinaires s’empare de la scène et décide purement et simplement de nous achever.
Soutenus par les Horrors (décidément, ces gens-là sont partout), les quatre membres de Bo Ningen n’ont pour l’instant enregistré qu’un simple EP salué par la critique, mais c‘est grâce à leurs prestations particulièrement intenses que la formation a gagné son statut de groupe culte. Leur musique est parfois psychédélique, parfois hardcore mais toujours d’une sauvagerie destructive, le tout hurlé en japonais bref, quelque chose d’absolument diabolique.

A peine entré sur scène, Bo Ningen déchaîne les passions et la fosse se transforme en une violente fournaise. Mené par l’impressionnant Taigen, androgyne leader se jetant sur ses camarades et vomissant des paroles incompréhensibles comme un possédé, le groupe joue comme si sa vie en dépendait tout en prenant soin de démolir la nôtre, alternant morceaux noisy et riffs assassins. Difficile de distinguer une mélodie au milieu de cette cacophonie, rien ne se détache réellement et c’est précisément ce qui rend la performance absolument dingue. Tout s’enchaîne, tout se mélange pour ne former qu’une interminable décharge électrique. Pas de pause, pas de répit, la foule perd toute notion de temps, c’est le chaos total, le volume sonore est à la limite du tolérable, une partie du public est à terre et l‘autre dans les airs, malmenant à coups de pieds un plafond de moins en moins stable, un projecteur menace de s’effondrer, on commence sérieusement à se demander dans quel état le public quittera cette salle.

Le groupe se retire mais le concert n‘est pas tout à fait terminé pour les premiers rangs qui risquent de garder les stigmates de cette soirée encore longtemps. Acouphènes, blessures, nausée, voilà les merveilleux cadeaux de Noël que nous ont offerts Bo Ningen, ainsi que la certitude que nous avons assisté à un excellent concert de rock’n’roll: c’est au moment où nous avons bien cru mourir que nous nous sommes sentis infiniment vivants.

1 commentaire:

  1. Effectivement, d'après les lives aperçus sur youtube, ça a l'air assez intense !

    Concernant "Contra", c'est un album vraiment agréable, pourtant ! Mais si tu n'avais pas accroché au premier, ça se reproduira sûrement pour celui-là, car il n'est pas si différent.

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