mercredi 17 février 2010

Brian Jonestown Massacre - Who Killed Sgt Pepper?




Je m’étais promis de ne pas perdre mon temps à parler de mauvais disques. Après tout le mot «fanzine» figure dans le titre de ce blog et ce n’est pas un hasard: le but ici est de faire partager ce que nous aimons.
Il se trouve que j’aime le Brian Jonestown Massacre. Beaucoup, même. Dans les années 90, Anton Newcombe aurait pu avoir le monde à ses pieds. Incroyablement prolifique, l’homme était autrefois capable de sortir trois albums par an, albums certes inégaux mais comprenant quelques morceaux absolument jubilatoires. David Bowie I love you (since I was six), Anemone, Nevertheless, Swallowtail, Whoever You Are, Servo, When Jokers Attack ou l’hilarant Not If You Were The Last Dandy On Earth (réponse, doit-on le rappeler, au Not If You Were The Last Junkie On Earth de leurs frères ennemis The Dandy Warhols), autant de chansons que l’on réécoute cent fois avec le même plaisir.

Mais Anton Newcombe, et ce n’est pas forcément un reproche, est un cauchemar de maison de disques. Un homme capable de mettre tous ses albums en téléchargement gratuit sur son site, un instable qui a déjà viré ou épuisé une cinquantaine de musiciens, un imprévisible ravagé par les substances. Heureusement Newcombe a toujours été entouré de gens brillants, que ce soit le génial guitariste Jeff Davies, le bassiste Matt Hollywood ou l’éternelle mascotte de la bande, le tambourine man Joel Gion. Mais depuis 2003, les choses semblent se corser.

Etrangement, le BJM a connu le succès au moment même où l’inspiration semblait lui faire défaut. Si le documentaire Dig! a joué un rôle crucial dans cette popularité soudaine (notamment en France), c’est sur scène que le groupe a acquis son statut de nouveaux héros du psychédélisme. Stellaires un soir, abominables le lendemain, les concerts du BJM et les pétages de plombs de Newcombe ont pendant un temps affolé un public en manque de sensations. Aujourd’hui, ses coups de sang soit-disant imprévisibles sont justement si prévisibles qu’ils n’interpellent plus personne.

Who Killed Sgt Pepper? succède donc à My Bloody Underground, album bancal mais dont la froideur et le côté barré le rendaient parfois intéressant. Nous étions déjà très loin des éclairs de génie des précédents albums, Who Killed Sgt Pepper? ne fait qu’enfoncer le clou. Nous voilà face à un disque d’un vide absolument désolant, une simple succession de morceaux faussement expérimentaux prétentieux sans queue ni tête. Pas une seule composition ne se détache, pas une seule mélodie n’accroche l’oreille ou arrive à créer un semblant d’atmosphère. Newcombe semble tellement désespéré qu’il fouille dans ses vieux tiroirs et dépoussière Feel It, titre extraordinaire en live et, pire encore, se lance dans un ridicule plagiat du She’s Lost Control de Joy Division avec This Is The One Thing We Did Not Want. Certains osent comparer ce disque au formidable XTRMNTR de Primal Scream, de quoi donner envie à ce malheureux Bobby Gillespie de faire une overdose une bonne fois pour toute .
Seul le rigolo Dekta!Dekta!Dekta! arrive à faire sourire, bien maigre consolation lorsque l’on sait de quoi Newcombe est capable. Les morceaux de ce Sgt Pepper sont répétitifs, indigestes et jouent sur les pires clichés déjà éculés (sonorités vaguement indiennes, titres hommages au duo sacré Stones/Beatles), autant dire que le constat fait mal au coeur: Anton Newcombe est devenu une caricature de lui-même.

Le Brian Jonestown Massacre en 2010, qu'est-ce que c'est? Un musicien incapable de composer une chanson digne de ce nom, préférant passer son temps sur Youtube ou Myspace pour poster des bulletins sans importance, un groupe qui tourne inlassablement avec la même setlist depuis plus de 6 ans (6 ANS!), un illuminé pas franchement éclairé qui aimerait faire croire à ses fans qu’il travaille sur mille et un projets ambitieux (un album en gallois et un en français, ben voyons) alors qu’il patauge dans la semoule et noie son manque d’inspiration dans une mélasse pseudo- psychédélique qui ne manquera pas de satisfaire un public persuadé de retrouver dans ses titres les effets du LSD. Heureusement pour lui, Newcombe est entouré de disciples dévoués et nostalgiques de 1967 fantasmant hélas sur tout ce que le mouvement hippie avait de plus lamentable. Brian Jones doit se retourner dans sa tombe...

2 commentaires:

  1. Incroyable ce groupe. Les chansons sont si bien foutues (ou déstructurées, au choix) qu'elles peuvent s'écouter à l'infini.
    Après c'est vrai que Newcombe de nos jours, c'est plus ça.

    Concernant la pochette de MGMT, j'ai cru que c'était une blague mais apparemment pas ... Elle est même de Anthony Ausgang. Je suis allée voir son site et c'est pas joli joli.

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