lundi 15 mars 2010

ULTERIOR


Je suis une fille affreusement prévisible. Il suffit que le NME (que je passe pourtant mon temps à critiquer) fasse un papier dans lequel il compare un groupe aux jeunes Manics, et bim bam boum, me voilà amoureuse d’Ulterior. Je découvre alors quatre Londoniens, de naissance ou d’adoption, parés de vieux cuir noir et sentant bon le soufre. Il n’en faut pas plus pour attiser ma curiosité.
La presse les a vite étiquetés « nouvelle scène est-londonienne », mais s’ils sont proches des membres des Horrors ou de R O M A N C E, leur style n’a en revanche rien à voir. Ils décrivent leur musique comme de l’electronic rock ’n roll, et cela donne une assez bonne idée de leur son : un rock noir et noisy à la Jesus and Mary Chain, mais où les synthés remplaceraient les guitares, et une drum machine la batterie. Le résultat est ambitieux, alors il y a ceux qui vont adorer, et les autres.
Chaque chanson est un défi pour l’oreille, une expérience presque masochiste, car Ulterior semble prendre un malin plaisir à nous séquestrer dans des ambiances froides et hostiles, à coup de rythmes saccadés et de mélodies dissonantes. La voix de Honey (Paul McGregor) se veut envoûtante, glaciale, presque robotique. Le chant prend alors très souvent des tournures d‘incantation. Sans surprise, les paroles sont d’un nihilisme et d’une noirceur absolus. « We’re living in nothing, or nothing’s living in us » parvient-on à déchiffrer. Ce qui les pousse à écrire ? L’ennui, la frustration, la dèche, trois muses qu’on imagine parfaitement derrière une musique aussi sombre, malsaine, presque oppressante. Bref, que du bonheur. On écoutera absolument les titres Weapons et 15, un peu agressifs de premier abord mais au final très addictifs.
En 2009 tout s’accélère pour Ulterior. Signés chez DiscError Recordings (qui décidément ne nous déçoivent jamais), ils tournent avec une multitude de groupes confirmés, sortent un EP, Kempers Heads, et deux nouveaux titres, Sister Speed et Aporia, moins électros, plus humains. Le remplacement d’un synthé par une basse confirme ce changement de direction. Ulterior est avant tout un groupe de rock, et il tient à le rappeler.
Leur intention est claire : « We don't want to be a medium sized band… We’re aiming to be fucking massive ». Ils déclarent aussi vouloir vendre un million de disques et détester la quasi-totalité des groupes actuels. Tiens donc, on comprend mieux la comparaison avec nos Gallois préférés. Une confiance qui peut sembler un peu ridicule mais qui les rend après tout encore plus fascinants. Le début de l’été devrait mettre à l’épreuve leur ambition, puisqu’ils projettent de sortir leur premier album, et d’accompagner celui-ci d’une tournée. Un documentaire sur le groupe réalisé par Joe Alexander est également en préparation. Plusieurs occasions de se faire du mal qu’on ne pourra décemment pas rater.

Myspace.
MP3 et vinyles disponibles chez DiscError Recordings, Rough Trade, etc...

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