jeudi 15 avril 2010

Malcolm McLaren (22 Janvier 1946 - 8 Avril 2010)


C’est bien connu. Ici en France nous avons le sens des priorités. Que Johnny se casse un ongle et ça fait la une des journaux pendant des semaines. En revanche, que le père du punk nous quitte, et quoi ? Un nota bene en fin de JT, tout au plus. Pour réparer cette criante injustice, leçon de rattrapage pour tous ceux qui n’écouteraient probablement pas la même musique si Malcolm McLaren n’avait jamais vu le jour.
Si on devait faire un film sur la vie de McLaren, ça s’appellerait sûrement « Moi contre le reste du monde », car qu’il l’ait voulu ou non, il a toujours été à contre-courant. De la mode, de la bienséance toute Britannique, et même de ses propres amitiés… il contredit tout, et tout le monde. C’est plus fort que lui. Toutes les relations qu’il tisse, personnelles ou professionnelles, tournent au conflit. Un sens de la confrontation et une détermination qui lui viennent peut-être de débuts peu encourageants : étudiant en art raté, pseudo-rebelle frustré (fasciné par les Situationnistes, il s’est inventé une expérience de soixante-huitard, alors qu’il n’a mis les pieds à Paris que bien plus tard), le jeune Malcolm a vite compris que pour réussir, il ne fallait pas être doué, mais simplement posséder une confiance en soi démesurée. Il se forge alors une personnalité sans concession, et démarre une carrière dénuée de scrupule. Une attitude qui, face à un John Lydon ou à une industrie du disque encore ultra-conservatrice, est loin de faire l’unanimité.
Mais si on peut l’accuser de tous les maux, on ne peut en revanche pas lui enlever son talent. McLaren a toujours eu ce don pour flairer les personnalités originales, les coups marketing, les bons filons. Il est là où il faut, quand il faut. Il prend des risques là où personne n’oserait se mouiller, et si quelques fois ça foire, ses réussites sont d’autant plus éclatantes.
À la fin des années 70, l’Angleterre se meurt d’ennui, il y a bien quelques marginaux à Londres qui ont des choses à dire, mais soyons réalistes, leur message d’anarchie ne dépassera jamais les frontières des quartiers populaires. McLaren sera le premier à voir en ces agités un potentiel à la fois révolutionnaire et commercial. Ce qui choque se vend bien, alors choquons. Il commence par se faire la main en vendant les fripes customisées de sa compagne Vivienne Westwood. La provoc’ devient leur principal fond de commerce. Il en sera de même pour les groupes qu’il managera : les New York Dolls, les Sex Pistols, et même un certain Adam Ant. Slogans politiques, violence gratuite, jusqu’à la tenue des groupes (des créations Westwood, forcément), tout devient un outil de vente. Son meilleur coup : sortir le single God Save The Queen le jour du jubilé d’Elizabeth II, et organiser un concert sauvage sur le pont d’un bateau juste en face de Westminster. Onze personne sont arrêtées, le lendemain la chanson est en 2e position du hit-parade, bien qu’interdite de diffusion sur la BBC. Grâce à lui les labels se feront moins frileux à signer des groupes qu’on aurait autrefois censurés. En parallèle, on peut lui reprocher d’avoir fait de la rébellion une marchandise, un outil marketing.
À vrai dire il est bien difficile de se faire une idée sur Malcolm McLaren. À la fois attiré par la gloire et vrai passionné de musique, il est à l’instar de ce que sera le rock ’n roll post-70s : cynique, calculateur, corrompu, mais malgré tout toujours aussi excitant.

1 commentaire:

  1. C'est assez dingue, oui, on en a pas beaucoup parlé ... je l'ai appris aujourd'hui, en lisant certes avec quelques retards les Inrocks & les blogs !

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