lundi 27 septembre 2010

Love Amongst Ruin - Love Amongst Ruin


Comme le disait Magali il n’y a pas si longtemps, l’une des choses les plus tristes qu’un fan puisse vivre, c’est de voir un groupe qu’il a adulé devenir mauvais. Prenez Placebo par exemple. Lorsque je les découvrais en 2002, Brian Molko était encore ce trublion androgyne au sens inné de la provocation ; en trois albums aussi énervés que désespérés, le groupe s’était imposé dans le cœur des ados mals dans leur peau de l’époque, et je n’y faisais pas exception. Puis nous avons vieilli, et eux aussi. En 2006, le désastreux Meds, et le côté de plus en plus vieux con de notre Brian chéri, sonnèrent le glas de cette relation passionnée. Un an plus tard, le batteur Steve Hewitt en avait visiblement aussi sa claque, et quittait le navire en plein naufrage. Et pendant que la bande à Molko remplissait les stades d’Amérique du Sud accompagnée de leur nouveau batteur à l’allure de rentboy tatoué, le discret Steve, loin de se morfondre dans son coin, ne se reposait pas sur ses lauriers.
Sans crier gare, le voilà qui revient avec un nouveau groupe dont il a pris la tête, et un premier album dans la foulée. Love Amongst Ruin tient son nom d’un poème de Robert Browning, auteur romantique de l’Angleterre victorienne. Cette référence et les tons poudrés de la pochette ne manqueront pas d’étonner ceux qui connaissent un peu notre nouveau frontman, qu’on imaginait plus comme un typique lad mancunien que comme un dandy tourmenté.
Menée par une voix étonnement douce et juste, cette entrée en matière verse tour à tour dans le rock survolté ou mélancolique, deux ambiances qui parlent immédiatement à l’ex-fan que je suis. Dès le titre introducteur So Sad (Fade), les comparaisons à Placebo foisonnent, mais le Placebo de mes 16 ans, celui au son angoissé, urgent, et tranchant comme une lame de rasoir. Le riff déprimé de Truth aurait parfaitement eu sa place sur Without You I’m Nothing, alors que Home, tout en saleté malsaine, n’est pas sans rappeler la noirceur cynique de Black Market Music. Les explosifs Running et Blood & Earth trahissent eux l’influence de Sonic Youth, tandis qu’Away From Me emprunte le spleen un peu gothique des Cure, deux groupes qui avaient eux aussi fortement marqué les premiers albums du trio anglo-américano-suédois. À part un ou deux titres plus timorés, ce premier disque ne manque pas d’idées, et devrait plaire aux nostalgiques de cette époque bénie où Placebo ne passait pas sur Europe 2 (= Virgin Radio pour le lecteur de moins de 15 ans).
On découvre ici un Steve Hewitt bien plus classieux et fin qu’on ne se l’était représenté, et il faut bien l’admettre, Love Amongst Ruin est infiniment plus subtil et inspiré que tout ce que Placebo a pu produire depuis 2005, d’où notre question : Hewitt faisait-il tout le boulot ? Charlie Watts et Dave Grohl nous avaient déjà appris la leçon, mais ce disque vient encore nous le confirmer : ne sous-estimez jamais les batteurs.

Site officiel. Myspace.

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