jeudi 6 janvier 2011

Boy Cried Wolf - The Firebrand


Une chemise à carreaux, une maigre silhouette opérant dans l'ombre, une mèche folle. Voilà ce qu'évoque Wayne Murray pour ceux qui ont pu le voir sur scène en tant que second guitariste et choriste pour les Manic Street Preachers, indie kid dans toute sa splendeur passé des caves aux stades grâce à ses idoles de jeunesse. Les nostalgiques se souviennent peut-être des ambiances aériennes et cotonneuses du duo The Honeymoon où Wayne susurrait à l'oreille de l'islandaise Thorunn Magnusdottir, de Catch dont l'album n'est sorti officiellement qu'en Indonésie ou encore des Thirteen:13 gracieusement remerciés par leur maison de disques juste avant la sortie de leur premier album.

Un début de carrière plutôt chaotique qui aurait pu condamner Murray aux pubs poisseux si son sort n'avait pas ému James Dean Bradfield, un homme d'une bonté décidément épatante. JDB propose alors au musicien désemparé une place de guitariste sur sa tournée solo puis avec les Manics, un rêve devenu réalité pour le gamin qui écoutait en boucle sa cassette de Generation Terrorists. S'imposant discrètement au milieu des mannequins pailletés et des plumes de boas, Wayne chante le blues backstage, devient Boy Cried Wolf et enregistre ce premier EP fichtrement addictif qui sent bon les stations service du Tennessee et les forêts de l'Oregon en automne, un truc rassurant, doux et confortable comme une peau d'ours au pied d'une cheminée. Oh Mister Murray, je ne m'attendais pas à un tel voyage en seulement quinze minutes.

Ta musique m'évoque instantanément une histoire d'amour ratée, des assiettes cassées dans une maison perdue dans le bayou, des tons verts, roux, ambrés et des instruments poussiéreux autour de toi. Ta fiancée t'a largué pour Jack White qui lui a promis une place dans son 35256ème side project et tu vides frénétiquement les verres de whisky en noircissant des pages et des pages d'incohérences sur l'amour, la désillusion et la perte. Des thèmes que connaît bien ta grande copine Nicky Wire qui décide de t'écrire une chanson, même si niveau icônes américaines la perche galloise est plus proche de la très élégante Dolly Parton que des grands bluesmen.

Quelques mois plus tard tu reçois une carte rose ornée d'une photo de Bob Dylan et Suze Rotolo et un texte, No Comfort From Your Skin. « You're not made for this world », « Save me from myself », « Why did you have to leave? » et autres réjouissances typiquement Wiresques accompagnent une mélodie étonnement sautillante marquée par les choeurs discrets mais tout de suite identifiables de, encore lui, James Dean Bradfield.

Il me semble également que le fantôme d'Elliott Smith caresse régulièrement tes santiags tant The Firebrand rappelle parfois le génie disparu avec qui tu partages un amour pour les arrangements soignés, simples et raffinés. Violon, xylophone, guitare acoustique, la pop anglaise se mêle à l'Americana et ces quatre titres absolument superbes ont quelque chose de chaleureux et mélancolique comme une soirée passée à lire seul au coin du feu. Alors pleure pas cowboy, tu as peut-être le cœur brisé mais tes chansons nous aideront à supporter cet interminable hiver blanc et nous nous sentirons moins seuls en chialant dans notre pinte.

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