jeudi 14 avril 2011

The Raveonettes - Raven In The Grave


Les Raveonettes sont très énervants. Talentueux, beaux, classes, capables d'écrire des mélodies à tomber, depuis 2002 Sune Rose Wagner et la très hitchcockienne Sharin Foo réalisent leur rêve américain et réinventent cinquante ans de rock, du Velvet aux Everly Brothers, des Ronettes aux Jesus And Mary Chain. Rétro sans être ringards, hors du temps, les danois semblent incapables de commettre la moindre faute de goût, chose rare pour un groupe qui totalise cinq albums et quelques EPs.

In And Out Of Control sorti en 2009 nous montrait un duo à peu près aussi joyeux qu'un Ian Curtis sous lithium : Suicide, Oh I Buried You Today, D.R.U.G.S, The Last Dance, Gone Forever et autres titres drama queenesques dignes d'un groupe Emo laissaient augurer un virage pas franchement tourné vers les virées surf en Californie. En 2011, Sune Rose et Sharin sont visiblement encore en train de descendre les neuf cercles de l'Enfer.

Au revoir fausse candeur, ambiances de diners californiens des années 50 et clips à la Russ Meyer, les Raveonettes ne rigolent plus et pour être honnête on se demandait bien comment le duo allait évoluer après avoir épuisé jusqu'à la corde le filon mur du son/refrains pop/thèmes adolescents. Plus noir, plus lancinant, Raven In The Grave (quel titre...) est tout simplement la suite logique de In And Out Of Control et surtout un superbe album shoegaze comme on n'en fait plus, mélodieux, écrasant, obsédant, une oeuvre d'hiver au beau milieu du printemps. Les voix enchanteresses et mélancoliques de Sune Rose et Sharin servent à merveille ce disque ténébreux, comme si soudain quelqu'un avait enfin décidé de mettre en musique les textes d'Edgar Allan Poe. Loin du ton bitchy de Love In A Trashcan ou de la douceur de Here Comes Mary, les corbeaux danois sonnent ici comme des fantômes errant dans un paysage enneigé et n'ayons pas peur des mots, il y a quelque chose de gothique dans les magnifiques War In Heaven, Let Me On Out, Evil Seeds, le parfait titre d'ouverture Recharge & Revolt ou le très eighties Apparitions. Evidemment l'album s'achève sur l'obligatoire ballade, ici la très lacrymale My Times Up qui vous fera renoncer à toute joie de vivre, s'il vous en restait encore un peu.

Les Raveonettes ne changeront sans doute jamais totalement leur formule magique, se moqueront des modes, s'accrocheront à leur indéfectible vision du rock'n'roll. Ils resteront éternellement obsédés par Phil Spector, Bonnie & Clyde et passeront du soleil de la route 66 à la tempête avec panache et élégance, autant dire que nous n'avons pas fini de les admirer. Énervants, je vous dis.


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