lundi 20 juin 2011

Patrick Wolf - Lupercalia



Quiconque a déjà eu la chance de voir Patrick Wolf en concert s’est forcément posé cette question : pourquoi cet homme n’est-il pas une star planétaire ? L’Anglais à la chevelure changeante a pourtant le profil du métier : extraterrestre musical alliant l’extravagance de Lady Gaga et le talent d’un jeune Bowie, il est depuis presque dix ans l’auteur d’albums pop susceptibles de plaire aussi bien au grand public qu’à un auditoire plus exigeant. Quelque part entre le génie indé et la diva glam, il a le mérite de ne ressembler à personne, de ne sonner comme personne, et c’est ainsi qu’il est vite devenu l’artiste culte d’une nouvelle génération en manque d’originalité.

Wolf nous avait laissé en 2009 avec The Bachelor, album brillant mais sombre, où les délires SM de Vulture et le rock furieux de Battle laissaient peu de place à l’optimisme et à la gaieté (sans jeu de mot) habituelle du jeune Loup. Parti sur sa lancée, il annonçait alors la sortie de The Conqueror, se voulant plus politique et combattif que jamais. Mais deux ans ont passé, autant dire une éternité dans la carrière fulgurante de Patrick Wolf, et le revoilà tout sourire, sur le point de se marier, ivre d’amour et de bonheur. C’est ainsi que naît Lupercalia, un disque aussi léger qu’une romance nouvelle, et véritable déclaration à son William de futur mari. L’album tire son nom d’une ancienne fête romaine, sorte de St Valentin païenne, et la référence représente parfaitement l’esprit de ces onze nouvelles chansons. À l’image de la sublime pochette, elles sont sobres et virginales, comme si Wolf était revenu à ses amours originelles, pleines de naïveté, de poésie et de naturel.

The City ouvre brillamment cette joyeuse procession, et les titres dégoulinants de sentiments se succèdent. Avec n’importe qui d’autre, on frôlerait l’écœurement, mais on se laisse allégrement piéger comme des jeunes filles fleur bleue, et c’est bien difficile de résister aux charmes de House ou de Time Of My Life. Bermondsey Street est ensuite dédié à « the greatest love of the century » tandis que The Future est un véritable serment de mariage (« I love you more than my life »). Pas de doute, notre cher Pat est transi d’amour. Un album de Patrick Wolf ne serait pas complet sans de grandes ballades au piano (Armistice), quelques notes de harpe (The Days), et un traditionnel morceau bizarroïde, inclassable et comme inachevé (William). Et s’il fallait un peu plus nous convaincre, Together se charge d’être la tuerie surprise de fin d’album, avant de nous régaler avec The Falcons, pure rengaine wolfienne rappelant les facéties de The Magic Position.

Ce cinquième album se voulait comme « une musique de premier baiser » et le pari est tenu. L’ensemble est pur, frais et majestueux comme un été Anglais, qu’on se verrait bien passer sur la plage de Brighton ou dans un jardin du Somerset. Toujours aussi inventif, notre homme-orchestre a visiblement pris autant de plaisir à écrire cet album que nous à l’écouter. Et si l’adage stupide veut qu’un artiste heureux perde tout son talent, Patrick Wolf nous surprend une fois de plus et parvient à nous prouver le contraire.

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