dimanche 10 juin 2012

Rover (+ Thomas Howard Memorial) - La Carène (Brest) - 23.05.12



Tout d’abord mille excuses pour notre absence prolongée : la faute à la fois à un emploi du temps bien rempli et à une pénurie de bons nouveaux disques. Mais dans ce désert musical de début d’année, nous sommes tombées il y a quelques mois sur un petit bijou de pop inspirée et raffinée bien comme il faut. Et Français, mesdames et messieurs. Une fois n’est pas coutume.

L’homme qui joue sous le nom de Rover a pour le moins un parcours atypique. Français trimballé aux Etats-Unis durant ses jeunes années, Timothée Reigner s’est ensuite illustré dans un groupe de punk au Liban (ça ne s’invente pas) sous le nom de The New Government, avant d’être expulsé pour une histoire de visa, et de revenir chercher l’inspiration dans la campagne bretonne. Une errance géographique à l’image de ses références musicales : des classiques de toutes les décennies, des trésors qui ont survécu à l’épreuve du temps et de la route, le genre de disques qu’on garde pour la vie, et qui nous suivent partout. Il cite ça et là les Beach Boys, les Beatles, et Bowie. On a entendu pire.

Après un EP qui nous promettait de grandes choses, le premier album vint confirmer notre intuition : il allait falloir compter sur ce type pour les prochains mois à venir. Reparti traîner ses boots sur les routes de France, Rover fit en mai dernier une halte dans le port de Brest. Je ne manquai donc pas d’aller l’écouter dans l’intimité du Club de la Carène.

Ce soir-là, le groupe breton Thomas Howard Memorial ouvre d’abord la marche, avec pour point commun avec la tête d’affiche, un goût pour une pop-rock aussi référencée qu’inventive. Au risque de se perdre un peu, ce groupe originaire de Guingamp montre l’étendue de son talent, et part tour à tour dans des thèmes folk, shoegaze, voire carrément électro. Chacun de leurs titres ne manque pas d’interpeller l’oreille par une mélodie particulièrement ciselée ou un rythme entêtant, mais le tout gagnerait certainement en homogénéité. Ils sortent tout de même sous des applaudissements nourris, et auront attiré la curiosité de pas mal d’entre nous.

Avant l’arrivée de Rover, je ne peux m’empêcher d’écouter les conversations autour de moi : on parle de « phénomène », de « buzz », et même de « meilleur album écouté depuis des mois ». Visiblement je ne suis pas la seule à avoir été enthousiasmée par celui qui s’apprête à rentrer sur scène. 

Et c’est assise sur une caisse à un mètre du micro que je vois entrer ce colosse aux allures de géant nordique, la chevelure soyeuse (détail toujours important) et tout de noir vêtu. L’ambiance est décontractée et bon enfant, avant même la première chanson les blagues fusent entre la scène et le public. Jouant d’abord seul puis accompagné de musiciens aussi discrets qu’efficaces, Rover passe tranquillement en revue les meilleurs titres de son album. Aqualast se révèle bien sûr d’une beauté absolue, Remember et Tonight sont des tueries, et on vit des moments de grâce sur Late Nite Love ou Father I Can’t Explain. Entre chaque titre la discussion porte sur le beau temps (forcément, en Bretagne), les caprices d’un synthétiseur qui refuse de coopérer, et Rover l’admet lui-même, « l’air de la mer [le] rend bavard ». Mais c’est bien la voix incroyable de ce garçon qui fait le spectacle ce soir. Tour à tour animale ou angélique, c’est elle qui vous colle ces frissons dans le bas du dos, vous savez, ceux qu’on a quand on écoute Cumberbatch lire du Keats (les filles comprendront). Après une heure passée bien trop vite, et un rappel des plus émouvants avec une reprise d’Aqualast seul à la guitare, Rover quitte un public conquis. 

Le seul bémol de cette soirée fut un étrange sentiment de son étriqué, comme si la scène était trop petite pour laisser toute l’ampleur à de telles mélodies. Mais dans une salle aussi minuscule, c’est bien sûr difficile de faire autrement. J’attends donc de revoir Rover sur une scène digne son talent !

Pour écouter : Rover (Myspace), Thomas Howard Memorial (Myspace).
(photo : Nora Moreau pour Le Télégramme)

1 commentaire:

  1. Désolé de ne pas avoir répondu à ton commentaire sur mon Blog, je ne l'avais pas vu tout simplement. Il n'y aurait eu aucun problème en ce qui concerne ta demande. J'ai beaucoup aimé la soirée également. Toute mes félicitations pour cet excellent blog. à un de ces jours peut être!
    Jérôme
    http://mauger29.blogspot.fr/

    RépondreSupprimer