mardi 25 mai 2010

The Black Keys - Brothers

Non, il n'y a pas que Jack White dans la vie de Sabrina! Notre docteur ès barbes rousses et chemises à carreaux nous fait aujourd'hui partager sa passion pour les bûcherons les plus cool de l'Ohio: les Black Keys.





Je préviens à l'avance que ceci risque d'être la moins objective de toutes les critiques amateures jamais écrites. Oui parce que les Black Keys, je les aime. Mais vraiment. S'il ne fallait sauver qu'un groupe, un seul, je prendrai celui-là (je prendrai Jack White dans ma poche quand même, soyons sérieux 5mn).

Ceci étant dit, nous pouvons parler de Brothers. Ce sixième album arrive après une «pause» de deux ans dans la carrière des Black Keys. Je guillemetise pause car Dan Auerbach et Patrick Carney ont été bien occupés pendant cette période temps : Dan avec son album, Keep It Hid, et ses nombreuses productions ; Patrick avec son projet solo, Drummer et, enfin, le fameux Blakroc qui est une rencontre réussie entre les Black Keys et des artistes hip hop.

Finalement, cette séparation leur aura permis de comprendre l'importance qu'ils ont l'un pour l'autre et donnera ce titre au nouvel album : Brothers. Patrick Carney le dit lui-même : les deux clés noires ont vécu des moments de tension mais ils ont grandi ensemble et ce qu'il ressort de tout ça est l'amour fraternel qu'ils se portent l'un à l'autre. C'est beau, je sais.

Plus à l'aise dans ce qu'ils sont et libérés de leur carcan bluesesque depuis Attack & Release, les Black Keys nous reviennent avec une image plus légère et, avouons-le, pleine d'humour. J'en veux pour preuve cette pochette d'album absolument ridicule de simplicité (et ouioui, j'ai bien repéré le code couleur mais je prends ça comme un hommage, voyez-vous). Et puis il y a Frank, le dinosaure...

Du coup, ça CHANGE. Et pas qu'un peu. Du blues brutal, pur et dur avec juste guitare/batterie, on se retrouve dans un univers différent pleins d'instruments mystérieux et inconnus. Ca déstabilise mais il n'empêche que la qualité est là. Le premier morceau, Everlasting Light, donne tout de suite le ton. Dan, connu pour sa voix grave, chantonne gaiement avec une voix de fausset. Atteint du syndrome dit de «mattioubellamy», il nous offre une petite balade groovesque avec des choeurs. Des choeurs !!!

La surprise ne dure pas bien longtemps puisque nous retrouvons la voix unique de Dan sur My Next Girl. Alors, il faut savoir que les Black Keys parlent d'amour. Tout le temps. Cet album ne fait pas exception même si ce n'est pas toujours des amours réussis : «my next girl will be nothing like my ex girl, I made mistakes back then». Rien de mieux que les amours déçus pour offrir des titres géniaux.
Tighten Up est la suivante. Le single. Avec Frank. Le dinosaure. Il paraît que l'idée vient de la maison de disque. C'est purement ridicule mais j'aime. Dan et Patrick ont dit dans une interview qu'ils n'aimaient pas ce gentil dinosaure nymphomane , je les soupçonne de ne pas être tout à fait franc ! En tout cas, ce morceau est une pépite.

Tout comme Howlin' For You. Tout droit sorti des années 70, ce titre irait très bien sur une BO de Tarantino (et pas Twilight...). She's Long Gone qui suit est un pur produit blackkeysien. Les riffs sont là, la batterie présente, la voix de Dan posé sur ce morceau crade comme on les aime. Cette ambiance sudiste poisseuse est confirmée par l'instrumental Black Mud. J'adore. On est transporté d'un univers plutôt glam à ce côté dirty south qu'on aime tant.

La chanson suivante, The Only One, nous rappelle que les Black Keys peuvent aussi faire de la soul et Dan revient avec sa voix de fausset. J'ai toujours pensé qu'au fond de lui se cachait une adolesente éperdue. Ce morceau confirme mon impression. C'est toumignontoufrais.
Too Afraid To Love continue sur la lancée des amours difficiles. Le petit côté Motown qui ressort de ce morceau est des plus appréciables. Dan et Patrick ont appris de leur expérience Blakroc et ont pu s'exprimer à travers de nouvelles sources d'inspiration.
Autre saut dans le temps, avec Ten Cent Pistol, nous sommes projetés dans une ambiance entre film noir et western. Dans ce morceau, la sensualité liée à l'essence même du blues s'exprime et permet, très légèrement, de se préparer à Sinister Kid. Là, vraiment, VRAIMENT, on tient un morceau à la hauteur de When The Lights Go Out : «If I kill a man in the first degree, baby would you flee with me ?». La réponse est, évidemment, oui. Dans de telles conditions, je doute de la force de ma résistance.
Et ce n'est pas The Go Getter ni I'm Not The One qui vont me faire changer d'avis. Comme avec She's Long Gone, la sonorité nous fait dire qu'ils sont bien de retour ! Du pur Black Keys.

Puis vient Unknown Brother... J'avouerai que ce morceau est passé inaperçu lors de mes premières écoutes. Et puis, j'ai fait attention aux paroles... et c'est super triste. Il me déprime ce morceau. Il m'a l'air d'être très personnel et est loin des problématiques amoureuses de nos deux amis d'Ohio. En gros, l'histoire d'un gamin décédé trop tôt pour que son frère le connaisse. Déprimant, je vous dis. En plus, les grelots renforcent ce côté dramatique.

En général, j'évite d'écouter ça dans le métro sinon je larmouille. J'ai aussi un côté adolescente fleur bleue que voulez-vous. Heureusement, après vient le sublimissime Never Give You Up. Digne héritier d'Al Green, ce morceau nous propulse dans une énième autre dimension. Back to the 70's. Ce morceau est définitivement mon préféré.
Pour terminer, la toute douce These Days. Planante et légère, elle aurait eu tout à fait sa place sur Keep It Hid.

Les Black Keys possèdent cette intelligence de la musique qui leur permet de changer de registre sans perdre leur âme. Dans Blakroc, ils ont réussi à s'effacer au profit du hip hop. Dans Brothers, ils nous offrent un voyage dans le temps et à travers divers styles musicaux sans se perdre. Tout simplement parce qu'ils ont maintenant les moyens d'explorer d'autres univers, ils nous les apportent dans cet album. Le deal est un peu le suivant : soit nous restons bloqués sur ce passé si glorieux, soit nous entamons la transition avec eux. Personnellement, j'ai sauté sur l'occasion après un petit doute quand même (maiseuh, c'était quand même vachement bien avant !). Ce disque montre que les Black Keys mériterait une plus grand reconnaissance car ils sont l'un des seuls, aujourd'hui, à rester en cohérence avec ce qu'ils veulent exprimer. Sans se préoccuper du mainstream, ils vont dans la direction qu'ils se sont donnés.

Et c'est bien pour ça que les Black Keys, c'est la vie.

Site officiel
Myspace

5 commentaires:

  1. Merci, c'est écouté/validé/adopté.

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  2. C'est marrant, après avoir écouté leur morceau sur la BO de Eclipse (oui oui j'aime Twilight, fouettez-moi), j'ai trouvé qu'il avait plus sa place sur la BO de Pulp Fiction! (Je précise je connais rien des Black Keys - mais en tout cas Chop And Change dépote bien!)

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  3. Je connaissais mal les Back Keys avant "Brothers", et je dois dire que c'est un excellent album !

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  4. J'ai leur album précédent qui n'est pas mal mais celui là est vraiment super :-)

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  5. Dr.Glamoor Kosmik7 juillet 2010 à 20:46

    Je viens de les voir live aux eurockéennes. Tout simplement fabuleux et monstrueux. un set tout en énergie.
    A deux (guitare batterie) seulement en début de set pour les morceaux du premier album, puis rejoint par le clavier et le bassiste pour la deuxième aprtie de set et les morceaux du dernier album. Et là où ces morceaux, en studio, glissaient comme du velours, ils deviennent teigneux et limite violents sur scène. Rien que du très bon;
    Un groupe que je recommande.

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