mercredi 22 décembre 2010

Suede - O2 Arena (Londres) - 07.12.10



Texte: Adélaïde
Photos: Magali

2010 a été une année globalement pauvre musicalement, me semble-t-il. Et pourtant, et pourtant, un groupe emblématique des 90’s a décidé de se reformer. C’est vrai, on vous en a déjà parlé, Suede est de retour, vous êtes déjà au courant de leur concert fabuleux du Royal Albert Hall et de celui du Bush Hall. A mon tour, je m’apprête à vous parler de Suede, encore. Pourquoi, d’ailleurs ?
Parce que j’ai eu l’immense bonheur d’assister à leur concert à l’O2 arena de Londres, le 7 décembre dernier, et que ce concert, comme les deux autres, était un événement majeur dans leur carrière : rendez-vous compte, c’est la plus grande salle dans laquelle le groupe ait jamais joué !
Début 2010 : Magali ici présente me harcèle de vidéos, et m’offre les disques en tant que cadeaux de Noël. Le mal est fait, je suis contaminée. Comment résister à ces chansons, à cette voix, à ces paroles ?
Et là, stupeur : je viens à peine de découvrir le groupe qu’on annonce sa reformation. Par quelle magie, par quel hasard, par quelle coïncidence a-t-on réalisé un vœu que je n’avais même pas eu le temps de formuler ? En tant que fan des Smiths, je me suis habituée à souhaiter des reformations qui ne se produiront jamais. Mais là… Un instant, j’ai cru que Dieu existait. Mais oui, il existe, et il s’appelle Brett Anderson.
J’ai donc pris ma place pour le concert de cette fin d’année, j’ai patienté, et j’ai potassé. Le 7 décembre est enfin venu. N’ayant pu assister à celui de Paris, retenue que j’étais par le concert de Primal Scream à Londres (voire la review sur ce même site), j’ai conscience que ma première fois suedesque risquait d’être exceptionnelle.
Le 7 décembre donc, à peine descendues de l’Eurostar, nous débarquons à l’O2, gigantesque complexe combinant salle de concert, cinémas, fête foraine, musée de la pop britannique, et exposition sur le Titanic, ainsi que restaurants etc. Bref, une ville dans la ville, une immense bulle créée pour nous divertir, dans cette fabuleuse ville de Londres.
Je dois dire un mot sur l’organisation quelque peu raide, qui m’a fait vivre un cauchemar une heure à peine avant l’ouverture des portes. Rendez-vous compte : avec une place assise dans les gradins, on m’a interdit l’accès à la fosse, donc les premiers rangs, tout ça pour des raisons de sécurité ! Une heure de torture, de stress et d’angoisse plus tard, mes larmes de désespoir ayant joué leur petit effet, une place en fosse se libère enfin, et on me donne le bracelet rose fluo tant espéré.
Avant le groupe, deux premières parties. Et Simon Price en guise de DJ. Je n’avais pas l’honneur de connaître le personnage, habillé en ce jour d’une veste en fourrure léopard, et coiffé de sortes de cornes de diable. Dieu et le diable dans la même soirée, rien de plus logique.
Viens donc la première partie, Dial M For Murder. Deux jeunes garçons vêtus de noir, et un ordinateur faisant figure de batteur. Musicalement, le groupe est totalement inintéressant. Ils sonnent comme une énième réinterprétation de Joy Division et d’autres choses très sombres. Cinq chansons, six peut-être, mais qui sonnent toutes pareil. Ils ne sont même pas drôles, juste d’un ennui profond. L’O2 arena en train de se remplir, lutte pour ne pas sombrer dans le sommeil.
Heureusement que Simon Price est là pour nous réveiller, accompagné de sa femme, sorte de Morticia Adams en plus petite et aux cheveux courts.
Puis c’est au tour de New Young Pony Club. J’avais très vaguement entendu parler de ce groupe. Aussi suis-je surprise de voir débarquer trois filles, dont une à la batterie, habillée d’un petit chemisier tout à fait seyant. La chanteuse en robe courte et hauts talons se démène pour faire réagir une salle encore un peu endormie, avec des chansons qui sonnent plutôt sympathiques. Voilà un groupe qui semble avoir du potentiel, se dit-on, et on se jure d’aller regarder l’affaire de plus près. Mais tout de même, malgré tous leurs efforts, New Young Pony Club ne m’enlève pas de l’esprit que ce que j’attends le plus, c’est un groupe qui a connu son heure de gloire une quinzaine d’année plus tôt, et que ce jeune groupe de prime abord, ne m’a hélas pas l’air à la hauteur.
Nouvelle intervention de Simon Price, qui met en transe les quelques fans des Manics présents en passant Stay Beautiful. L’O2 maintenant rempli, on retient son souffle pour l’arrivée de Suede, tous prêts que nous sommes pour un voyage dans le temps.
Et là, stupeur et cris de joie : Introducing the band retentit. On ne pouvait rêver meilleure entrée sur scène ; justement, j’en avais rêvé, Suede l’a fait. Le groupe arrive, Brett arbore un air conquérant, et le concert commence sur les chapeaux de roue avec This Hollywood Life. Puis vient un enchaînement absolument démentiel, tous les plus grands tubes du groupe à la suite : She, Trash, The Drowners, Animal Nitrate, We are the pigs, que je n’espérais plus après avoir lu qu’ils ne l’avaient pas joué au Bush Hall.
La foule, assommée de tant de bonheur, chante, chante tant et si bien que c’est à peine si on entend Brett ! Brett qui sourit à la foule, qui vient vers la foule, se laisse toucher et tripoter par la foule et qui aime visiblement ça. Puis il remonte et c’est le magnifique, le sublime Pantomime Horse. Les titres s’enchaînent, le public, grisé, chante toujours autant.
Histoire de nous mettre encore plus dans l’ambiance, les pochettes des disques et singles sont projetées sur un écran géant dernier cri. Inutile de préciser la jubilation de l’élément féminin du public à chaque foi qu’apparaît la pochette de Coming up


Suede continue à semer ses surprises, comme By the sea, que je ne suis pas peu satisfaite d’avoir entendu dans ces conditions. Aussi surprenant pour moi, Killing of a flash boy, que j’avais moyennement apprécié sur disque, se révèle être une bien meilleure chanson jouée en live.
En plus d’être un bonheur à écouter, Suede est un groupe très dôle à regarder. Outre l’air triomphant et énamouré de Brett pour le public et pour lui-même, il y le visage mono-expressif de Neil ; mais si mono-expressif qu’on se demande s’il ne s’ennuierait pas un peu. Et que dire du déhanché de Matt Osman! Il semble s’amuser comme un petit fou en jouant Filmstar, Can’t get enough et Everything will flow, et fait des risettes tordantes en réponses à des admirateurs/trices du premier rang.
Puis vient le deuxième enchaînement de folie : The next life, suivi de The asphalt world, grand moment d’émotion. Le public a à peine le temps de sécher ses larmes que le groupe redonne l’assaut avec So young et l’atomique Metal Mickey. Ils terminent cette suite fabuleuse par le jouissif Beautiful ones, qui excite tellement la foule, que même Neil finit par décrocher un sourire. Finalement, il a quand même l’air content d’être là, ce qui est énorme.
Brett, heureux, triomphant, revient chercher son lot de caresses, et je ne sais pas comment ma main s’est retrouvée sur son dos et ses cheveux, mais enfin je confirme, c’est très agréable au toucher.



Après une courte attente, M. Anderson revient, seul à la guitare, et nous offre la superbe face-b The Living dead. Le public, respectueux, chante pianissimo, et je peux enfin entendre nettement la voix de Brett, qui n’a rien perdu de sa superbe. Le groupe revient, et termine ce concert d’exception par To the Birds, et l’inattendu (en tout cas pour moi) Saturday night, qui est justement une de mes chansons préférées.
Ainsi s’achève un concert décidément d’anthologie. Il y avait longtemps que je n’avais assisté à un concert aussi intense, avec un public aussi ému et enthousiaste. C’était encore mieux que ce que j’avais rêvé.

Setlist :
This Hollywood life
She
Trash
The Drowners
Animal nitrate
We are the pigs
Pantomime horse
By the sea
Killing of a flash boy
Filmstar
Can’t get enough
Everything will flow
The next life
The asphalt world
So young
Metal mickey
Heroine
The wild ones
New generation
Beautiful ones

The living dead
To the birds
Saturday night

Site officiel
Photos

6 commentaires:

  1. sa femme, sorte de Morticia Adams en plus petite et aux cheveux courts

    Rhooo, j'vas le dire!

    (X Matthew )

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  2. Ces propos n'engagent que son auteure...

    Bien joué Adé, tu viens de nous griller avec les Prices!

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  3. Pas encore tout à fait. Il est encore temps de négocier...

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  4. Si ils font quelque chose pour les 10 ans de Stay Beautiful, j'essaierai de venir... et d'implorer leur pardon!

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  5. Mais non, négocier mon silence!

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  6. Je ne sais pas ce que tu proposes, et je ne veux pas savoir! :)

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